Parfois je me sens claustrophobe chez moi. Peut-être parce que chez moi ça fait deux lits de long et trois lits simples de large. Peut-être aussi parce que ces 10/12 mètres carrés d'espace sont dans l'appartemant de quelqu'un d'autre. Chez moi, c'est au milieu de chez elle, L., la dame chez qui j'habite. Chez moi, c'est au milieu de ses photos, de ses livres, de sa déco et de ses affaires ; au milieu aussi de ses bruits de cuisine, de sa sonnerie de téléphone et de ses émissions télé ; au milieu de ses conversations bruillantes et de ses cris. Chez moi, c'est joli mais de temps en temps je rêve de plus. De temps en temps, les étoiles partout, les oiseaux, les photos et les nuages ne me suffisent plus à oublier que c'est pas grand chez moi. 

Alors pour compenser, je marche partout. Les gens me croient folle quant je leur dit que je fais six kilomètres à pied presque tous les jours pour aller et revenir de l'université ; ils n'arrivent pas à comprendre que moi j'ai besoin d'air. Quant je marche, j'admire un peu le paysage mais surtout, je prends de l'espace. Je profite des grandes avenues tout comme des petites ruelles où personne ne passe, j'emmaganise. Parce que chez moi c'est petit et qu'il y a toujours quelqu'un d'autre avec ses bruits et ses choses. Parce que je rêve de silence et de rien et que marcher des kilomètres au milieu de gens que je ne connais pas, pour moi c'est mieux que de monter dans un bus bondé. Parce que je suis une fille de la ville avec une passion des grands espaces.